Congoindependant.com: Putes et SoumisesDans les commentaires sur un autre debat (en), les lecteurs du Salon avaient touches a un probleme tres serieux: les problemes d'inegalites de pouvoir et de statuts au sein meme de la population Congolaise, entre les nantis et la majorite, entre la minorite des tres riches, l'autre minorite des moyennement a l'aise, et l'immense majorite des pauvres; entre ceux qui sont au pouvoir, dans un monde de luxe presque a part, et le commun des mortels qui n'a probablement jamais ete proprietaire d'une tele; et encore plus entre les fonctionnaires internationaux et les humanitaires etrangers - comparativement - nantis, dont le Congo regorge en ce moment (MONUC et al), et les Congolais qui n'ont souvent pas ete payes depuis des lustres (s'ils ont meme un travail).
(par Mokossa Disu)
"Jeudi 30 mars, le cimetière de Kintambo ainsi que ses alentours étaient noirs de monde, au propre comme au figuré. Des chansons érotiques étaient entonnées à tue-tête comme il se doit en pareilles circonstances. De milliers de jeunes garçons et filles dont l'âge ne dépassait pas vingt ans conduisaient un des leurs en sa dernière demeure. C'était la 'Reine des Tshele' qui venait de rendre son dernier souffle. Elle régnait sur la commune de Bandalungwa. Ne demandez surtout pas de quoi elle est morte. Tout le monde vous dira qu'elle a été ensorcelée. Chez nous, la mort naturelle n'existe pas. Nous y croyons dur comme fer comme d'autres croient dans le big-bang, les trous noirs, la théorie de la relativité, la mécanique quantique etc. D'ailleurs, il ne faut surtout pas insister pour connaître la cause exacte d'un trépas. Sinon, on vous taxe de sorcier et vous êtes battu à mort. N'est-ce pas que l'assassin rentre toujours sur les lieux du crime ? Revenons à nos moutons. Une 'Tshele' est une pute de la dernière génération, celle des libérateurs. Au temps du mobutisme flamboyant, on les appelait 'Londoniennes' et avant cela, "Mongando". O tempores, O mores ! Une tshele n'est pas une vulgaire pute. Elle est presque aussi instruite qu'une geisha japonaise. Elle fréquente parfois l'université. C'est elle qui fait bouillir les casseroles à la maison par ses temps de crise. Elle paye ses frais scolaires ainsi que ceux de ses frères et sœurs. Elle habille toute la maisonnée clochardisée par les contrats miniers léonins …. Elle a une prédilection pour les cours d'anglais. Cela lui permet de causer english avec les employés de la MONUC et des ONG internationales dont les poches sont pleines de dollars. Quand elle meurt, c'est une catastrophe, un tsunami pour la famille.
C'est l'occasion de raconter la mort, il y a juste une semaine d'une autre jeune fille de la commune de Bandalungwa. Il paraît que son mec attitré lui remettait mille dollars chaque fois qu'ils sortaient ensemble. Quel magot dans un pays où 48 millions d'êtres squelettiques vivent avec moins d'un dollar par jour ! Ce qui devait arriver arriva. Un jour, notre Crésus disparut pendant deux semaines de la circulation. Son numéro de téléphone ne répondait plus. Imaginez le manque à gagner pour la fille et sa famille. Cela donne 14.000 dollars ! De quoi avoir le vertige dans ce fichu pays. La brave jeune fille remua ciel, terre et enfer pour démasquer son bienfaiteur. Finalement elle parvint à le joindre. Celui-ci abasourdi lui tint à peu près ce langage : 'Comment tu n'es pas encore morte ?' Sur ces entrefaites, la fille s'écroula. Elle venait de réaliser qu'elle avait à faire à quelqu'un qui avait signé un pacte avec Satan himself. En échange des dollars, celui-ci lui fournissait des âmes. Mbongo ya moyeke. Et pourtant il est écrit sur ce billet mythique : "In God we trust". Allez-y comprendre quelque chose. Elle rendit peu après l'âme à son nouveau propriétaire et maître après avoir dévoilé son terrible secret à sa mère. Pauvre Bill Gates, vous avez eu tout ce fric en bossant si dur. Chez nous, il suffit toujours de vendre quelques âmes au Diable et le tour est joué !
Cette histoire, AMHA, souligne encore plus ces inegalites, en mettant a nu la realite des effets de la misere, sur les fondations socio-culturelles memes de la societe Congolaise. La polarisation de la societe a atteint son paroxysme depuis tres longtemps; en sont temoins les premier (1991) et deuxieme (1993) pillages des villes Congolaises, ou l'on a vu des femmes enceintes porter des refrigerateurs sur leur tete. La misere gangrene le peuple Congolais, et - c'est devenu un mantra au Congo - les anti-valeurs regnent en maitres.
Certains disent que c'est la faute aux Congolais... ils ne doivent alors pas se rendre compte de la gravite du viol et de l'exploitation sauvage (en) subis par ce pays depuis l'arrivee des hommes de cet infame Roi Leopold... je dirais meme depuis Diego Cao, mais ca c'est une autre histoire. Les Congolais ont leur part de responsabilite dans cette catastrophe, mais cela ne dedouane en rien les puissances Occidentales qui ont contribue a la misere actuelle au Congo et en Afrique. Et comme nous pouvons le voir ici, c'est le commun des mortels Congolais qui en subissent les consquences. C'est la jeunesse qui se retrouve avec des modeles a suivre peu desirables. Et ce sont 3 generations de Congolais - celle de mes parents, la mienne, et celle de mes nieces et neveux - qui sont sacrifies. C'est bien triste...
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