le peu de temps qu'il m'a été donné de siéger au Gouvernement de Transition m'a permis de découvrir que Monsieur KABILA est avec les membres de sa famille au centre d'un réseau maffieux dont les tentacules dépassent les frontières nationales. Joseph OlenghankhoyLes évènements du 10 janvier 2005, ainsi que les journées ville-morte qui les ont suivies ont - comme l'on devait s'y attendre - secoué le pays. Tout ceci pour la simple raison bénigne que le Président de la Commission Electorale Indépendante, à qui le pays - ou du moins ses représentants a Sun City - ont donné la tache d'organiser les élections, a eu un certain courage de se mettre à l'avant-plan, et de faire son devoir: voyant que la situation actuelle ne lui permet pas de mettre en place des élections au 30 juin 2005, il a rendu la situation publique, afin que le peuple soit au courant. Certains éléments de l'opposition politique ont alors trouvé bon, il me semble, de monter la population contre l'Abbé Malu Malu, et de soudainement s'insurger dans une campagne pour les élections a cette date. Ces partis sont bien connus, en particulier l'UDPS, le parti du lider maximo, l'homme de Limete, Tshikas, Tshi-Tshi, j'ai nommé Etienne TSHISEKEDI wa MULUMBA, aussi connu comme "Premier Ministre légal" de notre cher pays. Nous y reviendrons plus loin.
L'autre évènement d'importance ces dernières semaines - si l'on ignore les jérémiades puériles et gênantes du MLC - a été le remplacement de membres du gouvernement, après que ces deniers aient été suspendus pour soupçons de détournements de fonds. Parmi ces derniers, il y avait l’on ne peut plus fameux Joseph Olengankhoy, alors ministre des transports, et président des Forces Novatrices pour l'Union et la Solidarité (FONUS). Depuis, lors de la journée des héros nationaux (17 janvier 2005), M. Olengankhoy s'est livré à une riposte cinglante, contre son Président de patron, le Gen. Maj. Joseph KABILA, Président de la République de notre cher Congo national. Olengankhoy tente de jouer au "donneur d'alerte", tentant de se placer en autorité morale, dans une mer de barbarie, de détournements et de corruption.Dans les deux cas, et par des méthodes différentes, les figures politiques impliquées, TSHISEKEDI et OLENGANKHOY, ont un impact bien fort dans une population congolaise désœuvrée, désespérée, affamée, et à l'affût d'un faiseur de miracle. En effet, ces deux personnalités, et en particulier le lider maximo, symbolisent pour beaucoup la victoire que les réclamations et la révolte du peuple avaient conquise au début des années 90, a l'heure de la Conférence Nationale Souveraine. M. TSHISEKEDI est d'ailleurs à féliciter pour avoir réussi, avec ses alliés politiques de l'époque, à démystifier pour le peuple, la personne maréchal MOBUTU, que beaucoup de ma génération (20-40 ans) avaient appris à connaître comme inamovible, inaccessible, indestructible, immortel... un demi-Dieu peut-être? De toute ma jeune vie, je n'avais jamais - et malheureusement n'est plus jamais - vu le pays tout entier bougé réellement au rythme des affaires de la nation. Même si la CNS est finalement devenue lettre semi-morte, c'était une époque ou l'on sentait mûrir dans le pays un sentiment national réel, et l'on voyait revenir dans le pays un brin d'espoir qui bougeait le peuple.Les artisans de cette période continuent de jouir dans beaucoup de cœurs d'une certaine "lune de miel" politique, et ils continuent de capitaliser sur celle-ci. Mais à quel prix? En 12 ans, depuis la CNS, le niveau d'éducation de la population a baissé de beaucoup, leur niveau de vie a baissé, et même l'intérêt dans les affaires de la nation disparaît. Rien n'a été réellement fait pour attaquer les soi-disant anti-valeurs contre lesquels on se révoltait à la CNS: corruption et détournements de fonds, oligarchie et tribalisme sont sur le point de s'ériger en valeurs dans la République. Tout ceci, dans le seul but d'enrichir une poignée d'hommes - et de femmes - qui ont eu suffisamment de malice pour s'approprier la poule aux oeufs d'or: le pouvoir en RDC. Certains de ces hommes - et femmes - sont les mêmes personnes que l'on trouvait autour du lider maximo, certains autour du Maréchal Président, et d'autres encore créés par la dynastie Kabila.
Le peuple est des lors confus: Il ne semble plus y avoir qui que ce soit à la tête du pays - ou dans l'opposition d'ailleurs - en qui placer leur confiance. Ils attendent un messie, et multiplient les églises, avec le corollaire d'intolérances et d'excès qui suivent. La recette primaire pour le succès devient l'accroissement des liens avec les occupants du pouvoir; surtout s'ils viennent de la même ethnie, tribu ou du même village. Et que personne n'essaie de faire comprendre a ces frères congolais que ce qu'ils font est contraire a l'établissement d'un Etat de droit: Ceux la même qui sont censés l'établir sont de collusion avec eux, et les entraînent...Dans une telle situation, que le messie national - Tshisekedi - lève un doigt, et tout le monde danse. Olengankhoy fait des révélations sur les richesses du Chef de l'Etat, et tout le monde écoute. A Kinshasa, les gens dans la population se félicitaient des journées ville-morte réussies. Bien entendu tout le monde était furieux - avec raison - de la répression du 10 janvier. Ceci dit, ces personnalités de l'opposition servent-ils le peuple, ou leurs propres intérêts? Etienne Tshisekedi a beau être un symbole de notre combat, mais il n'en reste pas moins un homme ambitieux. Il a convoité le pouvoir - l'on peut discuter dans quel but - pendant plus de dix ans. Il a été parmi les pionniers du mouvement qui deviendra le MPR, participant même a la rédaction de la Constitution du pays, sous Mobutu. Et lorsqu'il était au pouvoir, son cabinet était composé en grande majorité de personnes d'origine ethnique similaire a la sienne. Je ne crache pas sur le grand combat qu'il a mené contre Mobutu, et le peuple le salue et l'honore pour cela. Devrions nous cependant le laisser s'ériger en donneur de leçons, simplement parce qu'il est resté en dehors de la Transition de Sun City? Loin de moi l'idée de salir l'image ou la personnalité de qui que ce soit. Néanmoins, ce sont des questions qui doivent être posées de manière objective, et sans affiliations a un parti ou a un autre, et je ne vois ni les journalistes, ni les politiciens, faire ce travail qui est le leur. Peut-être sont ils trop occupé à climatiser leurs résidences personnelles avec l'argent de l'Etat. Toutefois, quelqu'un doit poser les questions difficiles.
Prenons le cas de M. Olengankhoy, qui aujourd'hui veut apparaître blanc, plus blanc que neige, dans les affaires de l'Etat: n'exagère t-il pas? M. Olengankhoy peut-il vraiment se présenter devant ce peuple, comme étant exempt de toute corruption? Mais cela n'est pas le plus urgent. Ce qui importe plus, c'est qu'il a maintes fois démontré le manque de maturité politique dans le chef de nos politiciens. La déclaration de Mr Joseph Olengakhoy, a la conférence de Presse de son parti, les FONUS, serait une très bonne chose, si le conférencier pouvait se targuer de jouir d'une quelconque crédibilité. Je ne défends pas - mais pas du tout - le régime du Président Kabila. Ceci dit il reste le Chef de l'Etat, dans un pays africain, ou le respect du au Chef n'est pas négligeable. Nos politiciens sont tellement imbus de pouvoir, qu'ils ont perdu tout respect pour la procédure légale - la même procédure qu'ils réclament quand c'est leur tour d'être enquêté. L'Etat de droit est mort au Congo, tout simplement parce qu'il y a des gens qui en ont fait une moquerie. Il est plus que temps que nos politiciens apprennent ce qu'est la politique, et appliquent le respect des institutions dans leurs paroles, et dans leurs actes. Au lieu de faire du sensationnalisme inutile et dépourvu de contenu, M Olengankhoy aurait gagné en crédibilité, et en élégance politique, s'il avait pris le temps d'exposer ce qu'il savait dans des termes respectueux de la fonction de la personne qu'il accusait. Pour être un "donneur d'alerte", il faut des preuves documentées, signées, des photos, des vidéos, prouvant ses dires. Il faut un dossier solide, bien ficelé, a l'épreuve de toute inquisition. Un politicien bien rodé le saurait. Tshisekedi et autres Monsengwo, Tambwe, Kibasa le savaient lors de la CNS. C'est pourquoi l'on a eu le rapport des Assassinats et Bien Mal Acquis.
Toute personne qui fait des accusations a la volée ne prouve que deux choses: Soit qu'ils sont a la recherche du meilleur acheteur, soit qu'ils sont amers d'avoir été éloignés de la poule aux oeufs d'or. Nos politiciens doivent mûrir, et dépasser ces jérémiades continuelles, qui ne font que faire reculer le pays. Mais peut-être que c'est cela qu'ils veulent. Apres tout, plus le pays recule, plus ils s'enrichissent.. Et ce dans l'opposition, ET au pouvoir Kabiliste. Il y a beaucoup de gens qui doivent justifier l'origine de beaucoup de leurs biens, et beaucoup de leurs fonds "personnels", et il existe beaucoup de dépenses frivoles au sein de l'Etat, au profit de personnalités douteuses: tout le monde le sait, mais tout le monde le fait... Comment changer cela? C'est un problème qui demande une levée d'armes (au sens figuré) du peuple, et une nouvelle dynamique populaire; et ceci n'est possible que si les gens qui ont réussi a échapper a l'hydre corruptrice, engagent la population dans un examen de conscience nationale. Et malheureusement, cela prend du temps. Ce qui est sur, c'est que la solution n'est pas un homme - ou une femme - mais un changement systématique. Et il ne s'effectuera que si l'on réussit à ramener ceux de nos politiciens qui en sont vraiment, a la raison. Nous avons du pain sur la planche!
En attendant, pour les élections, la population doit éviter de tomber dans ce piège que le pouvoir et l'opposition de Limete leur tend. Il n'y a pas eu élections dans ce pays depuis quarante ans! Le système électoral ne va pas se recréer en 2 ans! La plupart des jeunes ne se rappellent même pas le dernier recensement dans ce pays. Il faut absolument que le peuple soit réaliste. Ceci dit, il faut que le peuple exerce une certaine pression sur les institutions, afin que les mesures soient prises pour que certains n'utilisent pas cette situation comme excuse pour prolonger leur vie au pouvoir. Pression, Oui. Mais participer a des évènements qui, en fin de compte, n'affectent que le pauvre peuple, et ne changent rien a la vie des autorités impliquées, c'est un perte de temps, d'argent, et d'énergie. Le peuple doit apprendre a discerner les objectifs cachés de ceux qui leur parlent, et à chercher l'intérêt supérieur - pas de leur propre personne seulement, mais aussi - de la nation. Pour cela, il faut que les médias remettent nos politiciens au pas. L'on ne peut continuer a avoir que des journaux liés a des partis politiques, ou au Président Encore une fois, c'est une perte de temps, et cela rabaisse la qualité journalistique du produit que le peuple reçoit. Les médias imitent la "polémique" qui existent entre certaines stars de la musique congolaise, et perdent leur rang de quatrième pouvoir, servant le peuple, et il est temps qu'ils se réveillent.
La classe politique est peut-être pourrie, mais elle prend de l'age. Il est temps que les jeunes Congolais cassent le cycle de l'endoctrinement dans le système cleptocratique que nos politiciens ont eu l soin d'établir pendant les 40 dernières années. Mais pour cela, il faut poser les questions que les gens ne veulent pas entendre. Kabila est-il un voleur? Tshisekedi est-il tribaliste? Idem pour Kabila, Bemba, Yerodia ? Olengankhoy est-il crédible? Bundu dia Kongo ont-ils un agenda caché? Y'a-t-il des politiciens crédibles au Congo? Si oui, qui sont-ils, que font-ils, où sont-ils? Que fait-on pour sensibiliser le peuple de l'intérieur du pays – et des villes – sur les notions telles que Démocratie, Etat de Droit, Justice, égalité, indépendance? Comment survit le Congolais moyen? Que font les Vice-présidents, si ce n'est se plaindre? Quels sont les agendas du PPRD, du MLC, du RCD, de l'UDPS, et quels sont leurs agendas cachés? Comment intégrer le secteur informel dans le marché général? Quel est l'Etat exact de nos Forces Armées? Kabila est-il un agent de Kagame? Idem pour Ruberwa?Toutes ces questions sont difficiles, et je n'ai bien entendu pas les réponses a ces questions. Mais il faut que l'on se mette a les poser, avant que la Communauté Internationale ne décide que nous sommes incapables a nous gouverner. A bon entendeur, Salut!
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